David Leleu

MA NUIT AMERICAINE

Du 13.04.2013 au 20.07.2013

Présentation des vidéos de l'artiste et projection de La nuit américaine (François Truffaut, 1973) au Vecteur le mercredi 29.05.2013 à 18h30. Possibilité de se restaurer - Séance à 20h45.

Drink offert le samedi 01.06.2013 à 18h chez Incise suivi d'une projection des vidéo de l'artiste au Vecteur (souper sur réservation).

Le Vecteur, 30 rue de Marcinelle, 6000 Charleroi.

 

David Leleu, Ma nuit américaine, Incise, 2013.

 

 

Avant d’être un film de François Truffaut, la nuit américaine est un procédé filmique travestissant le jour en nuit. Affaire de filtres, enveloppant l’action d’une obscurité factice, se jouant des ombres et de l’invraisemblance des ciels. Les nuits hollywoodiennes sont claires et bleutées, et il arrive parfois que le procédé s’abandonne au bout de quelques plans. Minuit à midi, on disait que… Voilà peut-être ce qui traverse tout acte de création, de la littérature au cinéma, des arts plastiques au théâtre ou à la danse. Chaque image -les mots et les corps en sont aussi parfois – exige ce minimum de crédulité, cette mise en scène où l’on ne sait, de l’image ou du spectateur,  celle ou celui qui s’expose le plus. Lieu commun que ceci, mais aussi lieu magique, dont les frontières s’étendent à la mesure de l’horizon.

Ce territoire, David Leleu l’explore à la manière d’un archéologue accumulant les artéfacts. Mot fameux dont on se réjouit du double sens : en sciences naturelles, il renvoie à tout ce qui se présente abusivement comme réel ; alors qu’en sciences humaines, il désigne les traces de pratiques culturelles. Ambiguïté sémantique qui n’est pas sans nous déporter au plus profond de la caverne, espace d’ombres et d’illusions décrit par Platon comme source d’aliénation, alors qu’on peut y voir aussi, et peut-être surtout, notre propension à discuter sans fin de la nature du réel…toujours réduit ou élevé à l’échelle de nos représentations.

David Leleu fait donc son miel des images. Ici celles de François Truffaut, à peine reconnaissables. Deux dessins dont le statut pose question. La nuit américaine raconte la création d’un film. Un making-off fictionnel dont le sujet n’est rien de moins que le cinéma. Le diptyque exposé chez Incise est, lui aussi et doublement, tiré de films. D’abord celui de Truffaut. Deux captures d’écran imprimées sur papier, chiffonné puis filmé selon un procédé inédit. Une camera fixe enregistre le déplacement circulaire de la lumière qui dévoile puis occulte l’image topographiée tel un paysage accidenté. Rythmés de pics, de plis et de replis, les lieux s’animent, des visages et des architectures apparaissent pour se diluer ensuite dans la nuit.

On sait le dessin né d’une ombre. Ceux exposés ici en sont immanquablement le fruit. Pétrifié par le fusain, le film devient surface, nouveau champ de possibles où l’onirisme se conjugue à l’abstraction, où la profondeur du noir se soutient de l’éclat d’un blanc vif comme le jour. Œuvre à tiroirs et mise en abîme, cette nuit américaine se fait à la fois objet et reflet de l’acte créatif, suite d’illusions qui s’accueillent pourtant au plus intime.

B. Dusart

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BIO

Né en 1973, Chauny (France).

Vit à Roubaix et travail à la Malterie, Lille (France).

http://davidleleu.com/